Vanité du temps de cycle - Le temps de cycle est-il une mesure de vanité ?
Auteur : Steve Tendon (@tendon)
Source : Cycle Time Vanity - Is Cycle Time a Vanity Metric?
Date : 17/05/2022
Traducteur : Fabrice Aimetti
Date : 17/10/2022
Traduction :
LA VANITÉ DU TEMPS DE CYCLE !
La plupart des gens considèrent comme acquis que si nous effectuons un travail en moins de temps, il doit être meilleur. N'est-ce pas ?
Toutes les approches prédominantes - #SAFe, #Scrum, #Kanban, #DevOps - insistent de manière obsessionnelle sur le fait que la réduction du temps de cycle est une bonne chose(tm) !
Mais est-ce bien le cas ?

Nous nous sommes préparés à être ouverts à ce qui n'est pas évident d'emblée, mais évident a posteriori.
Nous avons utilisé l'histoire de l'œuf de Colomb pour véhiculer cette idée.
Des connaissances plus approfondies nous autoriseront à penser de manière non conventionnelle.
Steve Tendon @tendon・05/10/2022
1/ TAMEFLOW : COMME L'OEUF DE COLUMB
Dans les fils précédents, j'ai souvent qualifié TameFlow de "contre-intuitif".
Il est temps de réfléchir aux raisons pour lesquelles il en est ainsi, et quelles en sont les implications.
Pour ce faire, je veux rappeler l'histoire de "l'Oeuf de Colomb".

C'est un peu comme les fameuses deux faces d'une même pièce.
Il ne s'agit pas seulement de trouver des solutions contre-intuitives à nos problèmes.
Il s'agit également d'être prêt à remettre en question ce qui semble être des solutions évidentes à des problèmes bien connus.
La réduction des temps de cycle est de cette nature.
Quelle personne saine d'esprit pourrait remettre en question le fait que la réduction du temps de cycle ne soit pas une bonne chose ?
(Au fait, le "temps de cycle" est le temps entre le début et la fin d'une activité. Dans TameFlow, je préfère utiliser le terme "Flow Time" - mais je m'en tiens ici à "Cycle Time" par souci de familiarité).
Examinons cette expérience intellectuelle (un autre MODÈLE MENTAL).
Une activité prend généralement 10 jours pour être réalisée.
Il existe deux propositions d'amélioration.
L'une réduira le temps à 9 jours.
L'autre le portera à 11 jours.
Laquelle choisissez-vous ?
Aucun doute ! Hein ?
La solution des 9 jours !
Seul un fou passerait de 10 à 11 jours.
Cette autre proposition va même jusqu'à augmenter le temps de cycle.
Bien sûr, il faut l'écarter !
Mais ajoutons quelques informations supplémentaires.
L'activité initiale de 10 jours est décomposée en trois sous-activités prenant respectivement 3, 5 et 2 jours (total 10).
La première proposition se transforme en : 2, 5 et 2 (total 9).
La deuxième proposition propose : 3, 4 et 4 (total 11).
L'activité la plus lente a duré 5 jours. Il s'agit de la CONTRAINTE DU PROCESSUS DE TRAVAIL. Elle limite ce que l'ensemble du processus peut fournir.
La première proposition laisse la deuxième étape inchangée.
La deuxième proposition réduit la deuxième étape de 5 à 4 jours.
Le processus original aura donc un DÉBIT OPÉRATIONNEL effectif de 1 article tous les 5 jours, soit 0,2 article par jour.
La première proposition, malgré la réduction globale de la durée du cycle de 10 à 9 jours, produira toujours 0,2 article par jour.
Elle n'apporte donc aucune amélioration !
La deuxième proposition réduit la deuxième étape de 5 à 4 jours.
Ainsi, la deuxième proposition, malgré l'augmentation globale du temps de cycle de 10 à 11, permettra de livrer un article tous les 4 jours, soit 0,25 article par jour.
Conclusion :
La première proposition avec une réduction de 10% du temps de cycle n'a aucun impact sur la performance !
La deuxième proposition avec une augmentation de 10% du temps de cycle produira une augmentation de 25% de la performance : de 0,2 à 0,25 articles par jour.
Incroyable !
Morale de cette histoire.
Ne cherchez pas aveuglément à réduire le temps de cycle.
La plupart du temps, l'effort est vain.
Et si vous célébrez ce gain, vous célébrez une mesure de vanité !
La seule façon de s'améliorer est de réduire le FLOW TIME de la CONTRAINTE DU PROCESSUS DE TRAVAIL.
Cela explique aussi, une fois de plus, comment des améliorations de la performance opérationnelle qui pourraient être célébrées comme des victoires, n'ont en fin de compte aucun impact ; pourtant l'entreprise supporte le coût du changement, pour une perte totale !
La seule amélioration qui compte est celle de la Contrainte !
Avez-vous savouré cet étonnant exemple ?
Il est extrait du chapitre 5, "Où concentrer les efforts d'amélioration" du "Livre TameFlow".
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